Ce numéro 55 de la revue América poursuit sous un jour plus spécifiquement politique les travaux du numéro 54, consacré à « Écritures, paroles et espace public en Amérique latine ». Comment investir l’espace public, celui de la cité, mais aussi celui de la blogosphère ? Comment se faire entendre sous des régimes autoritaires ou sous les nouvelles tyrannies que sont les politiques néo-libérales ? Visuelles, ludiques, poétiques, les interventions dans l’espace public étudiées ici se situent entre artivismo et performances. Elles concernent l’action théâtrale sous ses formes les plus radicales, inattendues et contestataires, qui aspirent à rendre visibles des secteurs de la population en souffrance identitaire, culturelle, sociale et politique. Ainsi, l’espace public semble appartenir à celles et à ceux qui l’occupent, à l’instar de la terre dans la célèbre devise révolutionnaire d’Emiliano Zapata : « ¡ La tierra es de quien la trabaja ! ». Aussi, quoique les usages contemporains de l’espace public en Amérique latine, mêlant l’art à la politique, s’inscrivent dans une dynamique mondiale, ils n’en demeurent pas moins héritiers de traditions culturelles multiples, se distinguant par leur originalité syncrétique.